Le don d’organes
Les trois principes :
- Anonymat : les receveurs ne connaissent jamais la provenance de leur greffon
- Gratuité : la greffe est totalement gratuite
- Droit d’opposition : nous sommes tous considérés comme donneurs sauf si nous nous y opposons, soit en nous inscrivant dans le Registre National des Refus, soit en ayant fait part de notre opposition à nos proches; cela signifie que ce ne sont pas les proches qui décident. Ce principe d’opposition est totalement méconnu: seuls 13% des français le connaissent. Il n’existe pas de registre du OUI et la carte de donneur n’a aucune valeur légale.
Le déroulement de la greffe
Chaque individu déclaré par les médecins en état de mort encéphalique (son sang ne circule plus jusqu’au cerveau, ce qui implique un arrêt brutal et définitif du cerveau), est considéré comme un donneur potentiel.
La mort encéphalique est une forme très rare de décès. Elle survient le plus souvent à la suite d’un traumatisme crânien ou d’un accident vasculaire cérébral, et conduit en quelques heures à la destruction définitive du cerveau.
La mort encéphalique est diagnostiquée après un examen clinique soigneux et approfondi, par deux médecins, qui constatent l’absence de tout fonctionnement cérébral. Ce diagnostic est complété par des examens paracliniques : deux électroencéphalogrammes ou une radiographie des vaisseaux cérébraux (angiographie). L’ensemble de ces examens a été rendu obligatoire par la loi de bioéthique.
La mort encéphalique, par sa brutalité, est difficile à comprendre et à accepter, puisque la personne décédée respire et a le cœur qui bat, ceci grâce aux techniques de réanimation.
A gauche, un cerveau fonctionnant normalement, le sang circule dans les vaisseaux. A droite, le cerveau d’une personne en état de mort encéphalique: le sang ne circule plus dans les vaisseaux, le cerveau est détruit
Mais il n’existe aucun moyen pour « remettre en marche » un cerveau qui a cessé de fonctionner et dont les cellules sont détruites. La personne est réellement morte.
Une fois le diagnostic confirmé, les médecins entreprennent ensuite les recherches des antécédents médicaux et la réalisation d’examens sérologiques permettant de dépister d’éventuelles maladies transmissibles.
Si le défunt n’est pas inscrit sur le registre national des refus, les équipes de coordination, dont le rôle est de suivre les patients donneurs potentiels et d’accompagner leurs proches, se renseignent auprès des proches sur la volonté du défunt à propos du don d’organe. Si les proches ne déclarent pas que le défunt s’était, de son vivant, opposé au don de ses organes, alors le prélèvement peut avoir lieu.
Les organes qui sont les plus souvent greffés sont: le rein, en première position, puis le foie, le cœur, les poumons, le pancréas et des parties de l’intestin. Les médecins peuvent également prélever des tissus (la peau, la cornée, les veines, les tendons, les ligaments, les os, les artères ou les valves cardiaques).
Les organes sont prélevés par un chirurgien, dans un bloc opératoire. Après l’intervention, le corps du défunt est restauré, habillé et aucune trace de l’intervention n’est apparente.
L’attribution d’un greffon suit des règles strictes écrites par le ministre de la Santé. L’arrêté stipule que ces règles doivent respecter des “principes d’équité, d’éthique médicale et viser l’amélioration de la qualité des soins”.
Ces règles prennent aussi en compte les contraintes techniques liées au prélèvement, au transport des organes, au maintien de la viabilité du greffon et à la compatibilité entre le donneur et le malade.
L’objectif est de trouver un receveur le plus proche possible, pour diminuer la distance à parcourir pour le greffon, et le temps entre le prélèvement et la greffe, pour maximiser les chances de réussite de la greffe. Certains malades, comme les enfants, sont prioritaires.
Une fois que le patient en attente a été greffé, il existe deux possibles complications. Premièrement, le receveur peut faire un “rejet”, c’est-à-dire que son corps ne tolère par la greffe, mais cela est un phénomène naturel peut être contrôlé et traité. La greffe peut également générer une infection, qui rendra le patient plus vulnérable. Cependant, les progrès de la médecine ont permis une nette augmentation de la survie et de la qualité de vie après la greffe.
Les taux de réussite de la greffe sont très élevés, et l’espérance de vie des personnes transplantés est en hausse constante.
Dans le cas d’un don de rein de son vivant, le donneur, après avoir effectué un bilan complet, subit une intervention chirurgicale, appelée néphrectomie, pratiquée sous anesthésie générale. Le donneur est ensuite hospitalisé pendant 3 à 10 jours. Une fois sorti de l’hôpital, il peut reprendre une vie normale, sans traitement ni régime particulier.
La greffe, quels organes?
Le cœur
La greffe cardiaque est sans aucun doute la plus connue. Le cœur est un muscle, il bat en moyenne 70 fois par minute et permet au sang de circuler dans l’ensemble du corps.
Les progrès de la médecine cardiaque permettent aujourd’hui de ne recourir à la greffe qu’en dernier recours. Elle est considérée comme intervention de la dernière chance… Néanmoins, l’utilisation de nouveaux traitements immunosuppresseurs et le perfectionnement des techniques chirurgicales en font un traitement très efficace, qui obtient d’excellents résultats.
En 2021, 407 patients ont pu recevoir une transplantation cardiaque qui a sauvé leur vie. Mais plusieurs dizaines sont décédés à force de trop attendre le cœur dont ils avaient besoin. Pour eux, la pénurie est une réalité tragique…
Aujourd’hui, la recherche s’oriente vers la mise au point de cœurs artificiels transitoires ou définitifs. Le cœur artificiel autonome pourrait un jour ou l’autre limiter fortement les besoins en greffe cardiaque. Directement implanté dans l’abdomen du patient, ce dispositif pourrait se substituer définitivement au cœur naturel.
Le foie
La transplantation hépatique est une technique efficace et bien maîtrisée. Une technique nouvelle dite de bipartition du greffon, permet de partager un foie prélevé en deux parties, qui seront greffées à deux patients différents ! Sa maîtrise a permis non seulement de sauver plus de vies, mais a aussi ouvert la voie au prélèvement sur donneur vivant. Le foie du donneur est en effet capable de se régénérer en quelques semaines.
En 2021, 1225 patients ont été greffés du foie, dont 20 à partir de donneurs vivants. Mais de trop nombreux malades restent en attente et les décès liés à la pénurie se multiplient. Il n’existe en effet pas d’alternative à cette greffe, qui doit souvent être envisagée en urgence. C’est par exemple le cas lorsque le receveur est atteint d’un cancer du foie, ou développe une hépatite fulminante…
Les poumons
Il s’agit sans aucun doute la greffe la plus délicate à réaliser. Outre son extrême technicité chirurgicale, les poumons sont des organes très fragiles et ne peuvent être prélevés que dans des conditions de réanimation très précises. Cette restriction est en partie responsable de la pénurie de greffons disponibles. Dans certains cas, on est amené à greffer à un malade les deux poumons et le cœur d’un donneur en état de mort encéphalique (on parle alors de bloc cœur-poumons). En général, ce type de greffe est indiqué chez des patients atteints de mucoviscidose.
Ces dernières années, en France, deux greffes pulmonaires ont été réalisées à partir de donneurs vivants. On prélève alors un lobe pulmonaire sur deux donneurs distincts (nous possédons en tout cinq lobes pulmonaires, trois à droite et deux à gauche). Compte tenu du risque important pour les donneurs et de la lourdeur de l’intervention, il est peu probable que les greffes pulmonaires de donneur vivant se développent dans les années à venir.
En 2021, 316 greffes pulmonaires ont été réalisées en France, mais de trop nombreux malades, souvent très jeunes, continuent de mourir, à bout de souffle, avant d’avoir pu recevoir le greffon salvateur.
Le rein
La greffe du rein est la transplantation la plus fréquente. Elle concerne des malades dont les deux reins ont cessé de fonctionner. Même si nous possédons en général deux reins, un seul suffit pour vivre tout à fait normalement. Pour cette raison, on transplante la plupart du temps un seul rein.
La transplantation rénale est le meilleur traitement de l’insuffisance rénale terminale, même si la dialyse permet aux malades de survivre, dans des conditions très difficiles. Une greffe leur rend leur liberté, et leur permet de mener une existence normale tout en améliorant considérablement leur espérance de vie.
La greffe rénale offre aussi un bénéfice économique, puisqu’on estime que son coût est environ dix fois moins élevé que celui de la dialyse !
Malgré tous ces avantages, le faible nombre de greffons disponibles ne permet pas de répondre à tous les besoins. La pénurie est telle que les patients doivent souvent attendre de longues années en dialyse, alors que leur santé se dégrade, avant de pouvoir recevoir une greffe. En 2021, seulement 2855 greffes ont été réalisées alors que près de 9000 patients ont eu besoin d’un rein !
502 malades ont pu recevoir le rein prélevé sur un de leur proche en bonne santé.
La transplantation rénale à partir de donneur vivant présente de très nombreux avantages pour les malades. Les risques encourus par les donneurs étant très faibles, on ne peut qu’espérer que ce type de greffe se développe dans les années à venir.
Le bloc rein-pancréas
Ce type de greffe est indiqué chez des patients dont le diabète a endommagé les reins. Les résultats sont alors excellents. Cette greffe transforme et prolonge la vie de patients qui ont souvent connu, durant de longues années, les difficultés conjuguées de deux maladies chroniques aux traitements particulièrement lourds (les injections d’insuline et la dialyse). Après une greffe réussie, le diabète est corrigé, les injections d’insuline et les dialyses n’ont plus de raison d’être. En 2021, 67 pancréas ont été transplantés en France…
L’intestin
Cette greffe est très peu fréquente (1 en France en 2021, et 3 en 2020) et concerne majoritairement des enfants. Ces petits patients souffrent le plus souvent de pathologies qui les empêchent de s’alimenter normalement et doivent avoir recours de façon définitive à la nutrition parentérale… La greffe leur permet de retrouver une vie normale…
La situation
En 2022, ce sont 28 225 personnes malades en attente de greffe, 5 494 greffes d’organes ont été réalisées, dont 533 à partir de donneurs vivants. Le taux de refus est de 33 %.
Tableau comparant le nombre de malades en attente de greffes ces 20 dernières années (en rouge) et le nombre de greffes réalisées (en vert).
Pour en savoir plus, cliquez ici.
Chiffres: ABM et INSERM
La position des religions
Malgré quelques idées reçues, la religion se positionne généralement en faveur du don d’organes. Le don est un beau geste de solidarité plutôt encouragé par la plupart des textes religieux.
Nous avons rencontré des représentants des religions catholiques, protestants, musulmans, juifs et bouddhistes. Lisez leur déclaration juste ici: